Lorsque Ed. Bach rencontre « Clematis » (4)

La deuxième fleur vers laquelle Ed. Bach s’est senti appelé fut certainement la Clématite. Même année (1928), même décor (le long de la rivière Usk berge de la rivière Usk entre Abergavenny et Crickhowell dans le sud est du pays de Galle), mêmes tâtonnements que pour l’Impatiens (trois préparations, dont la première avec les graines par voie homéopathique avant d’arriver à l’ultime et bonne version par la méthode de solarisation).  

Le tableau est sur certains points complètement inversé par rapport à l’Impatiens. Clematis vitalba est une liane qui se développe sur des sols calcaires et dont la forme, lorsqu’elle a fini de s’appuyer sur la végétation environnante devient retombante. Son désir de vivre, sa vitalité semblent peu prononcés. On dirait une dormeuse éveillée, une plante prédisposée à la somnolence, qui ne demande qu’une chose : qu’on la ramène à la terre. Le geste de la plante rapporté à l’humeur humaine donnerait un manque d’implication, un manque d’intérêt pour la vie (peut être même une attirance pour la mort), rêverie, décontraction extrême, insouciance, indifférence. À la fin de l’été, quand les feuilles sont tombées, les graines qui ressemblent à des spermatozoïdes porteurs d’avenir (20 par gousse environ), parent la plante d’une myriade de longues traînes argentées plumeuse et duveteuse (une trentaine de cm de longueur) qui donnent à la colonie l’aspect cotonneux d’un nuage bas ressemblant à une barbe de vieillard.

C’est parfois un faisceau de tiges fragiles qui s’enroule autour d’un tronc, d’un arbuste ou d’une broussaille et qui retombe avec un relâchement qui contraste avec la directivité d’une plante comme Impatiens. Avec ses tiges nombreuses qui émergent d’une seule racine, on dirait que la plante a du mal à s’extirper de la terre. Souvent, en suivant chaque tige jusqu’au sol, il est difficile de savoir si on s’approche ou si on s’éloigne de la racine (relation à la terre).

La fleur est composée d’un petit calice rayé, blanchâtre qui dessine des pointillés très fins et expose les étamines hors du calice, lequel est d’ailleurs replié en arrière. Avec le blanc laiteux de cette fleur, toute la lumière est réfléchie.

Les fleurs qui ressemblent à de petites étoiles de lumière ne possèdent aucun pétale. Transposé à l’humain, cela peut donner une sécheresse sur le plan émotionnel (manque de pétales), confusion, détachement, difficulté à se laisser pénétrer par les expériences de la vie, mentalité diffuse.

La clématite aurait clairement pu contrebalancer la directivité d’E Bach et lui apporter une part de légèreté propre à l’aider à mieux concrétiser ses rêves. Peut-être est-ce que devant l’ampleur de la tâche qui l’attendait, E Bach dont l’esprit était on le sait tourné vers la contemplation, la méditation, le subtil, l’invisible, le sensible a puisé dans cette fleur le moyen de renforcer son implication dans le moment présent, à rester ancré, pragmatique malgré tout. Être visionnaire n’empêche pas de gérer ses obligations.