Aujourd’hui, certains pensent encore que ce qui leur arrive, la maladie, le mal être, les déséquilibres de leur humeur, mais également les échecs répétés, les accidents, ne sont que des fatalités, des cruautés, des injustices. Beaucoup, par loyauté envers leurs propres parents et de par l’éducation qu’ils ont reçus ont appris à endurer, à se soumettre, à rejeter la responsabilité de leur mal être à l’extérieur. Pour se rétablir, ils cherchent le plus souvent à se débarrasser de leurs symptômes avec en tête une logique suspensive, suppressive voire répressive visant à gommer, à corriger le défaut, l’anomalie, à revenir à une normale plus supportable et raisonnable. Selon cette optique, après avoir repéré ce qui est physiquement ou physiologiquement défaillant, une fois démasqué le fauteur de trouble, on le « pourchasse » inexorablement comme si on déclarerait la guerre à un oppresseur. En matière de santé, la panoplie des modes d’intervention de la médecine conventionnelle entre alors en jeu, chimique, analytique, technique, invasive, radicale. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’elle laisse en passant quelques traces dans notre organisme (effets secondaires, effets d’accoutumance).
Parallèlement, cette vision de la santé (santé considérée comme absence de maladie) est souvent accompagnée pour le malade de messages qui déclenchent peur, insensibilisation, soumission, culpabilisation et infantilisation.
Bien sur, en cas d’urgence, la méthode curative s’avère indispensable, salvatrice, mais doit-elle pour autant s’appliquer de manière exclusive au point de mettre si peu l’accent sur les responsabilités qui incombent à chacun pour se développer harmonieusement ? Apprendre à l’école à démasquer les facteurs qui affaiblissent notre immunité, développer une pédagogie des savoirs êtres nous permettrait outre le fait de mieux gérer nos émotions, de nous engager dès l’enfance sur la voie de la santé et de l’autonomie ! Au lieu de cela, on confie à des spécialistes l’analyse d’un tableau qui devient de plus en plus technique et engendre une prise en charge extérieure de plus en plus lourde, laquelle nous éloigne encore un peu plus de notre centre intérieur, nous dépossède encore un peu plus du cours de notre propre santé.
On « traite » la maladie, mais est-ce pour la combattre, la qualifier, pour agir contre elle, entrer en négociation ? L’approche allopathique base sa méthode sur des savoirs qui bien qu’en perpétuelle évolution, en perpétuel progrès, procèdent d’une vision du monde qui n’a pas changé depuis 2 siècles. C’est donc la même façon de penser rigoureuse, basée sur les seuls critères de l’objectivité scientifique cartésienne, parfois mécaniste et réductionniste qui prévaut. Cette science ne voulait-elle pas démontrer au départ la non existence d’un principe immatériel libre et intelligent pour se départir des dogmes religieux ? À force, l’homme est devenu un matricule déshumanisé, une marionnette qu’on étudie pour la seule prévisibilité de ses comportements, qu’on paramètre au gré des besoins de la modernité algorithmique afin d’en cibler le potentiel marchand. Sa santé est devenue l’affaire des pouvoirs publics, des statisticiens, des économistes, des médecins et des scientifiques qui se l’approprient. Aujourd’hui les comportements et le supplément de sens que l’homme privé de ses repères spirituels cherche pour lui même, s’étudient à travers le filtre des neurosciences, lesquelles cherchent à en décortiquer l’âme. Bientôt les consultations se feront à distance, et pourquoi pas de manière anticipée sur la base d’études prédictives. Parallèlement, l’homme qui a si peu l’habitude d’observer les choses en mettant en perspective ses propres responsabilités, réduit à l’état de victime, se laisse peu à peu envahir par le doute, convaincu d’être objet et non plus sujet. D’autant que la médecine a pris l’habitude de s’intéresser d’avantage à la maladie et à son économie qu’au malade lui-même. La santé devient de plus en plus une affaire de gros sous qui intéresse principalement l’industrie des médicaments, les affaires des labos privés et tous ceux qui tirent profit de cette rente.
Or l’approche phénoménologique explicative des choses, celle qui se fait à partir de la seule observation expérimentale des choses, oublie la part de réflexion métaphysique qui relie l’homme à son intuition et à sa dimension spirituelle. Aujourd’hui, la communauté scientifique moderne commence à opérer un changement de cap sans toutefois pleinement valider les approches alternatives.
À contre pied du classicisme officiel qui en matière de santé s’appuie aujourd’hui sur les logique de flux, les techno-sciences, et la question de la rentabilité, d’autres voies plus discrètes s’ouvrent, qui redécouvrent les pratiques ancestrales et les mettent au goût du jour des connaissances de la physique quantique, la physique des particules ou encore l’astrophysique. Cette nouvelle approche réhabilite enfin la place du mystère en réintroduisant par exemple l’hypnose, la médecine chinoise taoïste ou encore le magnétisme…
Gilles FABRE